- Attends !

Je me retourne, m'attendant à me prendre un vent parce que ce ne serait pas à moi qu'on parle. Mais non, personne derrière moi susceptible d'avoir été interpellé, personne devant moi, personne à droite… sauf celui qui m'a (il faut croire que c'est moi) interpellée. Je le détaille, de taille moyenne pour un mec d'environ 17 ans, cheveux bruns en épis, jean bleu et t-shirt à manche courte ainsi que des baskets aux pieds. Rien de bien méchant ou sortant de l'ordinaire.

-Oui ? articulai-je.

-Euh… le sac, c'est le tien ?

Je regarde après l'avoir passé devant moi mon Eastpak bleu comme si je ne savais pas que c'était le mien.

- Ben… oui.

Il me regarde bizarre. Je recule, légèrement gênée, mon cerveau ayant déjà évalué ses capacités physiques (chances de m'en sortir s'il on en vient aux mains : 7/10) il a également évalué les probabilités qu'on en vienne là soit : 10%.

-Pas le bleu, le noir, précise-t-il (en parlant comme on le ferait si on se trouvait face à une imbécile).

- Oups… ! (dit l'imbécile que je semble être avec toute sa finesse et son intelligence…).

Il me regarde, attendant visiblement une autre réponse. Je me creuse la tête mais avant que je découvre qu'il ne s'y trouve que du néant, il redemande sur le même ton patient qui cache mal son exaspération.

- Est-ce que c'est ton sac ?

- Euh… non, je l'ai trouvé je comptais le donner au commissariat.

"Même si je risque cher à aller là-bas" ai-je pensé tout bas.

-Ce ne sera pas la peine alors, souris-t-il, c'est le mien.

Mon esprit commence à s'emballer. Ce sac, ce qu'il y a dedans… ce serait plus simple de le rendre à son propriétaire ou à celui qui semble l'être. Mais j'avais l'intuition qu'il valait mieux que je le garde. Alors, dans un geste de pur stupidité me ressemblant bien, je l'ai serré contre moi. L'autre a froncé les sourcils.

-Euh… ai-je balbutié, ce n'est pas possible.

Ses yeux semblent comme s'enflammer et la souris dans ma tête (représentant la lâcheté) s'affole, réajustant les chances de m'en sortir dorénavant plus que 3/10 et qu'il m'attaque, plutôt du 50%. Disons que les chiffres ne semblent pas aller en ma faveur.

- Et pourquoi ?

-Euh… c'est que… (alors lâcheté et stupidité se tassent laissant place à un semblant d'intelligence) Je l'ai trouvé à mon boulot… et tu n'es pas à mon boulot… il n'y a que des gens de mon lycée et mon boss… et… tu n'y étais pas… t'es même pas de ce lycée…

Victoire ! Son regard s'adoucit.

-Si, je suis dans ce lycée, le lycée jean Ferrat, depuis hier. Des imbéciles, ce doit être ceux qui travaillent avec toi, m'avaient volé mon sac, et comme dedans il y a ma carte du self et les clefs de ma chambre, j'aimerais le récupérer.

Je baisse les yeux, honteuse. Je sais que dans son sac il n' aura ni ses clefs, ni sa carte. Dans son sac…